Portrait de Stephen Delcourt

Paroles de pionniers qui font bouger le sport
"Le Tour de France féminin va changer le visage de notre sport "

Interview de Stephen Delcourt,

Manager de l'équipe cycliste FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope


Crédits photo : Thomas Maheux

Il est à la tête de la seule équipe française professionnelle de cyclisme féminin à évoluer en World Tour. Stephen Delcourt milite et se bat pour plus d'égalité dans une discipline en pleine mutation. Après le succès phénoménal du Paris-Roubaix, l'ancien coureur du Cycle Poitevin compte sur la tenue du Tour de France pour continuer à mettre en lumière des athlètes qui, pour les meilleures, n'ont pas à rougir de la comparaison avec les hommes.

 


 

 Le parcours de Stephen Delcourt 

Le cyclisme chez les Delcourt c'est une histoire de famille : votre grand-père pratiquait, votre père et votre frère aîné aussi. Il n'y avait pas moyen, pour vous, d'y échapper ? 

Le cyclisme était omniprésent à la maison, mais personne ne m'a poussé. Quand je suis né, mon grand-père était dans le milieu, mon père faisait du vélo et mon frère aussi. Cela étant, mes parents m'ont toujours obligé à pratiquer deux sports et ce, jusqu'à ce que je rentre en sport-études. 

 

A quelles autres disciplines sportives vous êtes-vous essayé et qu'est-ce que le vélo avait de plus ?

J'ai commencé par le basket et j'ai adoré mais je m'énervais vite sur un terrain et je faisais beaucoup de fautes. J'ai testé le judo aussi. Ça ne m'a pas plu du tout, il y avait trop de règles, il fallait être patient et ce n'était pas dans mon tempérament. Par la suite, je me suis mis au tennis de table. J'étais un peu seul avec moi-même, mon seul but était de déstabiliser l'adversaire. J'ai aimé le côté mental de cette discipline même si je suis certainement l'unique joueur à avoir pris des cartons rouges en match ! Dans le vélo, j'ai retrouvé ce côté "seul face à soi-même" qui me plaît tant. En revanche, c'est une discipline dans laquelle on ne peut pas s'énerver, ça fait tellement mal !

 

Vous allez poursuivre dans le vélo et vous allez, par la suite, intégrer un cursus sport-études... 

À partir de quinze ans, j'ai suivi un sport-études classique car, pour mon père, il y avait l'école d'abord et le vélo après. J'ai suivi une scolarité normale. J'ai eu un bac scientifique et ça m'a permis d'avoir un bagage technique. Après les années de lycée, il y a eu les premières années d'IUT. C'était un peu dur du point de vue de l'organisation et, au lieu de percer à dix-neuf ans comme pas mal de mes camarades, j'ai percé un peu plus tard, je suis passé en élite amateur à vingt-et-un ans. 

 

Nous sommes alors en 2007 et vous intégrez le Cycle Poitevin. Quelles étaient vos ambitions à l'époque ? Vous envisagiez une carrière de coureur cycliste ? 

Quand j'étais petit, je rêvais d'être pro. Je me suis pourtant très vite rendu compte que je serai toujours un bon coureur mais pas un grand coureur. Les seules courses où je performais étaient celles qui se courraient sous quarante degrés et pour lesquelles tout le monde explosait en vol. A un moment, j'ai eu le recul de me dire qu'il fallait que je persévère car c'était mon sport, mais sans croire pour autant que je passerais pro un jour. En vélo et dans le sport en général, le mental ne suffit pas. 

 

Ça a été une grosse déception pour vous ? 

Non. Quand je me suis rendu compte que je n'avais pas un gros moteur, j'ai relativisé. J'avais de bonnes notes à l'école, je savais que j'avais quelque chose derrière. Et puis, à vingt-et-un ans, lorsque j'étais coureur pour le Cycle Poitevin, j'ai rencontré Emmanuelle Merlot, ma future femme qui, elle, était une vraie championne. J'ai très vite vu la différence qu'il pouvait y avoir entre quelqu'un qui, comme elle, était très doué, évoluait au top niveau mondial, et moi. Ça m'a permis de relativiser encore plus. 

 

Lorsque vous vous rencontrez, Emmanuelle Merlot évolue au sein de l'effectif Vienne-Futuroscope. Vous vous intéressiez déjà au cyclisme féminin à l'époque ? 

Il y avait très peu de courses de cyclisme féminin et elles n'étaient pas retransmises à la télévision. Moi, j'étais fan de vélo tout court. Je n'avais pas une vision négative du cyclisme féminin car les valeurs de mixité ont toujours fait partie de mon éducation. En revanche, je ne regardais pas les compétitions car il n'y avait pas de vélo féminin à la télévision, je ne savais pas qui était en équipe de France, rien ! 

 

Qu'est-ce qui vous a fait basculer ? 

Lorsque j'ai rencontré ma femme. Nous étions en 2007 et j'ai commencé à m'intéresser davantage au cyclisme féminin car j'étais admiratif de ce qu'elle faisait. Et puis, l'année d'après, j'ai passé mes équivalences d'expert-comptable et mon futur beau-père, qui avait créé la structure Vienne-Futuroscope en 2006, m'a dit : "Viens nous aider, je ne veux plus payer de comptable." Si je voulais devenir son gendre, je n'avais pas le choix (rires) ! Peu à peu, je suis tombé dedans. Il y avait tellement de belles personnes qui s'investissaient à 3000 % dans le cyclisme féminin que j'ai eu envie de contribuer, à mon tour, à son essor.

 

Portrait de Stephen Delcourt

Stephen Delcourt (Crédits photo : Thomas Maheux)

 

A quoi ressemblait, il y a quinze ans, la vie d'une cycliste de haut niveau ?

C'était beaucoup de sacrifices, beaucoup d'heures d'entrainement couplées, souvent, à des études, et l'aide des parents qui soutiennent financièrement pour payer le loyer et tout ce dont on a besoin au quotidien pour vivre. Je me suis très vite rendu compte que hommes et femmes, nous n'avions pas les mêmes chances car, en étant élite, je gagnais plus d'argent qu'Emmanuelle qui évoluait, elle, au top niveau mondial. 

 

Vous avez débuté comme trésorier au sein de l'équipe Vienne-Futuroscope avant d'en devenir le manager. Comment ça s'est passé ? 

Je suis rentré comme trésorier, mais je savais que le modèle économique ne serait pas viable longtemps alors, peu à peu, j'ai commencé à m'occuper des partenariats. A partir de 2010, je suis également parti à la recherche de sponsors matériel et j'ai commencé à m'occuper du sportif via ce biais-là. Et puis, en 2013, ma femme a décidé de mettre un terme à sa carrière. Là, l'équipe aurait dû mourir car elle avait été créée autour d'elle. Pendant quelques temps, la structure a végété puis, avec les dirigeants, nous avons décidé de poursuivre l'aventure, du moins pour quelques temps encore. Nous savions qu'en 2014, le Championnat de France arrivait chez nous, au Futuroscope et que, deux mois plus tard, il y aurait la Coupe du monde à Plouay avec les deux premières courses télévisées sur la chaine publique, en direct. Tout ça pouvait donner une première visibilité télé et nous avions attendu cela pendant tellement longtemps qu'il n'était pas possible d'arrêter là et ce, d'autant plus que le cyclisme féminin commençait à prendre à l'étranger. 

 

 Le partenariat avec FDJ 

Qu'est-ce qui a permis à l'équipe de survivre durant ces années ? 

De 2008 à aujourd'hui, notre équipe aurait dû mourir dix fois ! Parfois, je me demande comment on est encore en vie ! Pour perdurer, nous avons signé quelques partenariats un peu plus importants, mais ce n'était pas suffisant. Certaines équipes hommes-femmes commençaient à apparaître et je me suis alors dit qu'il faudrait que nous nous rapprochions des équipes masculines ou, à tout le moins, de leurs sponsors. Début 2016, j'ai appris que Stéphane Pallez arrivait à La Française des Jeux et qu'elle souhaitait créer un programme "sport au féminin". J'ai mis six mois à pousser toutes les portes et, en juin, au culot, je me suis fait inviter à la mairie de Paris pour le lancement d'un magazine féminin, je suis tombé sur elle dans l'ascenseur et j'ai tenté ma chance. 

 

Signer un partenariat avec La Française des Jeux est tout de même plus compliqué qu'une rencontre fortuite dans un ascenseur, non ? 

Oui, bien sûr. Ça faisait six mois que j'avais des échanges par mail avec le responsable du sponsoring, mais La Française des Jeux a tellement de sollicitations ! Nous n'étions que l'une d'elles parmi des milliers d'autres et je trouvais que ça n'avançait pas assez vite alors j'ai fait le forcing. Avec Emmanuelle, nous avons expliqué à Stéphane Pallez que nous avions un projet, une équipe et que, si FDJ montait la leur, cela nous condamnait à mourir : alors autant marcher ensemble ! Nous, nous avions déjà un historique, ce qui leur permettrait, à eux, de gagner du temps et à nous, grâce à leur concours, de pouvoir survivre. 

 

Qu'est-ce qui a convaincu FDJ de vous suivre ?

Les valeurs de l'équipe et l'histoire d'Emmanuelle, cette petite fille qui voulait faire du vélo, être maillot jaune, ce qui était impossible car ça n'existait pas mais que son père a eu le courage d'accompagner en créant une équipe autour d'elle. Nous avons dit à La Française des Jeux : "Venez avec nous, nous allons partager une belle aventure. Nous avons des filles dont la valeur humaine est exceptionnelle, vous allez rencontrer des personnages, des gens auxquels vous allez vous attacher". Nous avions envie d'écrire une belle histoire avec cette marque qui ne se satisfait pas de parrainage cash ou d'un sponsoring visibilité, mais qui recherche de l'humain et un message sociétal fort. Nous avons réussi à nous mettre d'accord. La Française des Jeux est rentrée par la petite porte en termes de budget et ils nous ont sauvés. Ils nous ont permis de continuer et de perdurer. 

 

L'équipe devient alors la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope. Quelles incidences concrètes a eu l'arrivée de ce sponsor, d'envergure nationale, dans vos rangs ? 

Avant que La Française des Jeux ne nous rejoigne, nous avions deux salariés sur une structure de dix-sept, dix-huit personnes, et nous sommes passés à sept. A l'époque, notre masse salariale était de 210 000 euros, elle sera de 1 200 000 euros fin 2022. L'arrivée de FDJ nous a permis de grandir petit à petit et de nous structurer. Nous avons commencé à signer nos premiers contrats de droit avec des recrues étrangères, mais salariées de leurs pays, et nous sommes peu à peu montés en puissance. D'un point de vue sportif, 2017 fut une bonne saison. Nous terminions au onzième rang mondial avec quelques belles performances, notamment celle de Charlotte Bravard qui devient alors championne de France et nous commençons à séduire, à rentrer dans un cercle vertueux mais le gros changement arrivera véritablement en 2020. 

 

En quoi est-ce une année charnière pour vous ?

En 2019, l'UCI envisage de créer une ligue fermée dans laquelle huit équipes pourront rentrer, avant de passer à dix, puis à douze et ce jusqu'en 2023. Il y a, pour cela, des règles à mettre en place : un salaire de base, un congé maternité, un staff minimum... Avec La Française des Jeux, nous nous interrogeons et nous décidons de nous positionner sur le sujet. Le problème c'est que, cette année-là, nos deux leaders sont blessées et nous réalisons une saison catastrophique. Nous sommes dix-septièmes au classement mondial et seules les huit premières équipes seront de l'aventure. Je pense que nous avons un trèfle à quatre feuilles sur le dos car, peu à peu, tous les dossiers devant nous sont éliminés, ils ne sont pas jugés assez sérieux d'un point de vue structurel. Finalement, à chaque oral de l'UCI, nous sommes un peu moins nombreux et le jour J, en novembre, nous ne sommes plus que huit à tenir le cahier des charges et nous sommes de la partie.

 

Comment avez-vous vécu ce nouveau cap ?

La première année, en 2020, nous nous sommes structurés et nous avons recruté une grande leader, la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig. En termes d'image, elle nous a permis d'avoir une visibilité exceptionnelle et son arrivée a également poussé les autres coureuses à rester car, comme dans n'importe quel sport, lorsqu'on est compétiteur, on a toujours envie de jouer avec les meilleurs. En 2020, il y a eu la Covid, mais malgré cela, nous avons eu de la chance : nous sommes employeurs dans six pays différents et la France est le seul à nous avoir aidés. La saison a commencé tard, en juillet, mais elle a été réussie. Nous avons répondu présents et nous avons terminé la saison au neuvième rang mondial. L'an dernier, nous étions sixièmes, et en 2022, nous sommes seconds après avoir fait 40 % de la saison. Il reste encore un long chemin à parcourir mais la montée en puissance est là. 

 

FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope est la seule équipe professionnelle en France à évoluer en World Tour. Comment est-ce que l'on se situe par rapport aux autres pays, est-ce que nous sommes en retard en matière de cyclisme féminin ?

Le cyclisme féminin est très avancé en Hollande. C'est un pays qui domine notre sport depuis des années. Il est également très avancé aux Etats-Unis. Là-bas, chaque lycée a une équipe hommes et une équipe femmes et cette culture sportive vaut aussi pour le vélo. Les Anglos-Saxons sont aussi très bons. Les Italiens se défendent bien, ils ont des sportives de très bon niveau. En revanche, ils ne parviennent pas à structurer leurs équipes : or, le cyclisme, c'est un tout. On peut avoir des cyclistes de talent mais, s'il n'y a pas de structure en face, ça ne sert à rien. L'année dernière, la France était la dixième nation en matière de cyclisme féminin quand chez les hommes, elle ne bouge pas des trois premières places depuis cinq ans. Mais l'année 2022 marque l'explosion de la génération 1999-2000 et la France est à présent quatrième. Sur les cinq meilleures Françaises, trois sont, qui plus est, chez nous. 

 

 L'importance des événements cyclistes féminins 

Qu'est-ce qui explique cette récente évolution selon vous ?

Nous sommes actuellement dans un cercle vertueux. Paris-Roubaix nous a fait un bien fou en nous offrant de la visibilité. Grâce à ça, le public a compris que le cyclisme féminin existait. Paris-Roubaix n'est pas une course comme les autres, c'est une course durant laquelle se créent des héros et désormais des héroïnes. C'est un rendez-vous difficile, on roule sur des pavés, mais les filles ont montré qu'elles aussi étaient capables d'aller au-delà des limites du corps, au-delà des limites de l'esprit. La première édition a été disputée dans des conditions dantesques. Liz Deignan, qui est maman, s'est imposée avec la manière. Elle a fait deux heures d'échappée, elle a glissé deux fois là où les hommes sont tombés le lendemain mais, elle, elle est restée sur le vélo. Le public a vu que les femmes étaient à l'aise techniquement et physiquement, que c'était du sport de haut niveau. Grâce à elles, notre sport est enfin respecté et j'espère que, demain, grâce à des exploits comme celui-là, on parlera de cyclisme masculin et de cyclisme féminin et non plus de cyclisme et de cyclisme féminin. 

 

Malgré tout, le cyclisme féminin semble, pour le moment, moins homogène que le cyclisme masculin, moins mature. Qu'est-ce qu'il manque pour réussir à combler la différence de niveau ? 

Ça évolue, mais ça va mettre du temps. Quand on fait un Paris-Roubaix à vélo et qu'une petite fille de huit ans dit à ses parents "je veux faire du vélo", elle est encore trop jeune pour que nous puissions bénéficier rapidement de son talent. Il faut être tolérant. Cela étant, pour moi, il y a actuellement quatre-vingts femmes, voire cent au monde, qui ont un très gros niveau quand il y en avait vingt il y a sept ou huit ans. Nous progressons, mais nous ne pouvons pas demander à avoir trois-cents femmes au top niveau comme chez les hommes tout de suite. Pour autant, les grosses équipes se structurent bien. Comme les filles sont payées, elles s'entrainent plus, ne pensent qu'à ça, et les performances arrivent, mais il n'y a pas encore assez d'équipes professionnelles. C'est sur cette question, d'ailleurs, que le Tour de France peut s'avérer piégeux pour nous. Il y aura vingt-quatre équipes au départ et parmi elles, seulement quatorze professionnelles. J'ai peur, pour ma part, que si l'on filme l'arrière de la course, les gens se disent que les filles n'ont pas le niveau. Or, il faut comprendre que la majorité d'entre elles travaillent et ne font donc pas du cyclisme à plein temps. Notre sport n'est pas encore mature, mais on nous a donné les règles du jeu en 2020 : on ne peut pas nous demander de tout réussir d'un seul coup. 

 

L'équipe FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope

L'équipe FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope (Crédits photo : Thomas Maheux)

On sent néanmoins un vent nouveau souffler sur le cyclisme féminin. Il y a eu cette première édition du Paris-Roubaix en 2021, avant il y avait eu le retour du Tour des Flandres, de l'Amstel Gold Race, le Giro Rosa et cette année, le Tour de France. Pour vous, ce sont des actes militants ?

En 2021, notre équipe n'a pas gagné Paris-Roubaix mais notre sport a gagné. Ça a permis de transmettre un message fort à toutes les femmes qui se battent au quotidien et à tous les hommes qui les accompagnent. Le côté militant, féministe, doit être le fait de tous. Tous les garçons ont un respect énorme pour leur mère mais ils oublient, une fois en entreprise, que leurs collègues féminines sont aussi des mères, des soeurs, des cousines. Nous faisons beaucoup d'interventions dans les écoles et la génération à venir ne fait pas du tout de différence entre garçons et filles. Aujourd'hui, nous vendons autant de maillots à des femmes qu'à des hommes, ce qui signifie qu'il y a autant d'hommes que de femmes fiers de porter le maillot d'une équipe féminine. L'acte militant est une devoir collectif de tous les sexes et de toutes les générations. 

 

En quoi le Tour de France va-t-il permettre d'accélérer ce mouvement ?

Le Tour de France va au-delà du sport. Cette course ne laisse personne indifférent et tout le monde la connaît. Moi, jusqu'alors, ce qui me faisait mal c'est que, chaque fois que j'accompagnais l'une de nos cyclistes dans une cérémonie, la question qui revenait invariablement était : "Tu es cycliste pro ? Tu fais le Tour de France ?" Entendre les filles répondre : "Non, il n'y a pas de Tour de France pour les femmes" me fendait le coeur. Depuis 2020, être cycliste pro, c'est désormais possible pour les femmes et elles vont, qui plus est, enfin pouvoir disputer le Tour de France et partir à la conquête du maillot jaune. C'est hyper excitant et hyper stressant à la fois mais on l'a tellement voulu, on a tellement poussé pour, qu'on ne peut pas se plaindre. Maintenant, il faut savoir prendre la mesure de l'événement. Je répète à mon équipe que l'on ne va pas découvrir le Tour de France mais qu'on y va pour le conquérir et ce, dès la première année. Il faut tout de suite le prendre dans le bon sens et là où je vois de la maturité chez nos sportives, c'est lorsqu'elles sont lucides sur le sujet. Elles se préparent et elles y vont avec l'envie de tout maîtriser, l'approche physique, tactique, diététique... Ce Tour de France féminin va changer le visage de notre sport, c'est certain. 

 

On a l'impression que le cyclisme féminin est à un point de bascule. Pour qu'il puisse s'installer dans la durée, évoluer, se professionnaliser plus encore, quelles vont être les prochaines étapes ? 

Notre régulateur, l'UCI, va nous faire progresser au fur et à mesure. L'année prochaine, il y aura encore de nouvelles courses, ce qui signifie une saison plus dense mais aussi plus de visibilité. Le cyclisme féminin doit s'installer et ça va se faire dans les années qui viennent. Le seul risque, c'est que la performance ne soit pas au rendez-vous. Toutes les équipes sont conscientes de ça mais, si nous réussissons à garder ce côté instinctif avec des femmes qui n'ont pas de limites, qui attaquent à des endroits où il ne faudrait pas attaquer, si nous conservons cet état d'esprit, que nous sommes là pour faire du spectacle, nous n'avons aucune chance de nous rater. Pour ce qui nous concerne nous, dirigeants, notre boulot de militant est loin d'être gagné mais ça fait partie du job et nous l'acceptons. Nous évoluons dans un sport où il y a encore beaucoup de choses à écrire, c'est à nous aussi d'impulser le mouvement. 

 

Comment envisagez-vous le futur pour FDJ - Nouvelle-Aquitaine - Futuroscope ? Toujours avec La Française des Jeux à vos côtés ? 

Pour le moment, il n'y a aucune raison que notre collaboration s'arrête. La Française des Jeux est l'entreprise française qui investit le plus dans le sport. Si nous continuons à bien travailler, je ne vois pas pourquoi nous ne continuerions pas ensemble. La Française des Jeux a l'expérience et la force pour nous accompagner longtemps au haut niveau et ce, tant au niveau financier qu'au niveau structurel. Nous en sommes arrivés où nous en sommes grâce à eux et, grâce à eux, nous avons la possibilité de nous installer dans le temps, c'est le sponsor le plus fidèle qui soit. Avec FDJ, à l'avenir, je souhaite que notre équipe continue à marquer l'histoire de notre sport et que nos cyclistes qui seront au départ du Tour de France fassent briller les yeux d'une foule de jeunes filles. Ce sera notre plus belle victoire. 

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